Érosion : bilan

Le bilan du plan d’action contre l »érosion sur l’ile de Carabane (2018-2019) à télécharger ci-dessous aborde les causes de l’échec sur cette ile, échec qui a permis de réussir sur l’ile de Diogué, succès et qui permet en 2022 d’envisager enfin de mener un véritable travail efficace sur Carabane.

La Gestion Intégrée des Zones côtières (GIZC) pratiquée dans des dizaines de pays recommande une approche globale qui s’oppose à la mise en œuvre immédiate de solutions massives.
Cette démarche interdit par exemple de construire une digue sans étude préalable (voir plus bas).
En effet, sur chaque site l’érosion a des causes particulières qu’il faut comprendre avant d’agir. Et il faut aussi mesurer les risques éventuels. : C’est ce modèle qui a inspiré le travail réalisé à Carabane, à l’occasion d’une invitation à un atelier organisé en septembre 2016 dans le cadre des 72 heures de Carabane. A l’issu de cet atelier, il a été établi que l’’érosion menaçait en particulier trois parties de Carabane situées sur la carte ci-dessous.

  1. Le rivage d’AFDAY à l’est et le bolong qui entre dans la partie sud du village. L’érosion du rivage s’est accélérée depuis 2012 (passant de 1 à 2 mètres par an) à cause de la construction du port. Elle est due au clapot (batillage). Quant au déplacement de la langue de sable qui protégeait le bolong elle a des causes multiples.
  2. La plage des campements qui commence à l’école spéciale (en ruine), s’étend sur 300 mètres jusqu’au campement Helléna. Les planches, sacs de sable et pneus qui s’opposent aux vagues n’empêchent pas le sable de se déplacer. C’est le courant du fleuve qui est la cause principale.
  3. La flèche de KAFAR située à l’Ouest qui protège l’ile des vagues du large. Le sable se déplace depuis sont milieu (8 mètres par an – il reste moins de 5 mètres) vers la pointe qui a grandi de 300 mètre en 10 ans ! Ici c’est le courant allié aux vagues du large qui soulève et déplace immuablement le sable vers le nord-Est.
Les 3 régions sensibles à l'érosion
Les 3 régions sensibles : de droite à gauche : Afday, la plage des campements, Kafah

A chaque site sa solution adaptée à la situation, aux causes de l’érosion, aux moyens disponibles, aux risques et précautions à prendre :

  1. Pour AFDAY  avec la mobilisation valeureuse des habitants et la technique du donateur Serge Pelsy (Novintiss) nous avons installé une digue à 40 mètres du bord en tube de géo-textile de 60 mètres + 60 mètres. 
  2. Pour la plage des campements un épi a été installé en janvier 2018 avec un effet de + 3 mètres sur le rivage. Nous avons défini avec les universitaires de Ziguinchor, l’emplacement des deux prochains épis qui seront installés en février 2019. Un troisième sera enfin installé en fonction de l’observation des résultats des deux premiers.
  3. Pour la flèche de KAFAR, après avoir tenté de poser 2 pirogues, on a finalement réalisé deux épis plus solides grâce à l’apport en géo-textiles NOVINTISS fourni par Serge Pelsy. (voir SUIVI)

L’action s’est donc déroulée en 6 temps. Elle est décrite ici

Cela n’a pas été simple en raison d’une confusion liée au don du tissu Novintiss.
Le donateur n’avait pas été informé de l’existence d’un plan GIZC.
Ce don des 1.800 mètres carrés de tissu a donc été prévu et calculé ainsi dans le but de poser un tube (une digue) de 260 mètres de long et de 2 mètres de diamètre sur Kafar.
Rien n’était prévu à ce moment pour Afday et pour la plage des campements.

Heureusement le Président du comité de jumelage de Bon-Encontre a établi un lien entre ce don et le Plan d’action GIZC. Un contact direct a donc été établi avec le donateur le 11 juillet. Le tissu a été réintroduit dans le plan d’action sur les 2 sites ignorés (AFDAY et la plage des campements – compte-rendu disponible).

C’est aussi grâce à cette réorientation que l’exonération des droits de douane qui a d’abord été refusée, a été finalement acceptée par le Ministère de l’Environnement sur la base d’un mail d’explication du 12 novembre.

L’association ARDICA qui était bénéficiaire du don n’ayant pas demandé d’exonération. Elle demandait au donateur le paiement de 250.000 CFA de douane plus 150.000 CFA de frais.
Il a donc fallu le 25 octobre payer 113.000 CFA de débarquement et commencer la démarche, avec le financement de XMoinsY et solliciter l’autorisation d’exonération auprès du Ministère de l’Environnement.
La DEEC était fortement opposée à l’utilisation d’une telle quantité de géo-textile sur KAFAR et à une méthode qui consistait à ce qu’un ouvrage soit construit sans étude préalable.

C’est donc au nom du du Plan d’action et de la démarche GIZC que la DEEC a accepté de demander l’exonération du tissu comme l’atteste le courrier du Ministre de l’Environnement. La suite du dossier douanier est disponible.

Malheureusement les quelques habitants qui avaient prévu la digue de 260 mètres sur KAFAR ont décidé de ne pas respecter le plan de la digue d’AFDAY : au lieu de la prolonger de 60 mètres de manière à protéger l’entrée du Bolong comme cela était prévu, ils ont bouché le bolong, ce qui ne permet pas de protéger le rivage alentour (alors que la digue à 50 mètre du rivage le permet). Boucher le bolong avec un mur aura des conséquences qu’il faudra observer avant de décider de laisser ou enlever ce mur de 60 mètres.